L’hypertension artérielle (HTA) touche plus de six millions de Français. Elle est à l’origine, surtout quand elle mal maîtrisée, de complications sévères. Au delà de 55 ans, la prévalence de l’HTA (c’est-à-dire le pourcentage de sujets atteints dans la population) aux États-Unis est supérieure à 30 % chez les blancs et supérieure à 40 % chez les noirs (atteignant 72 % chez les femmes noires de plus de 65 ans).
L’apparition de l’HTA dépend de facteurs génétiques et de facteurs environnementaux, avec tout particulièrement la consommation de sodium (le sel) et la prise de poids.
La pression artérielle est la résultante de la force avec laquelle le cœur « pousse » à chaque battement un certain volume de sang dans les vaisseaux (ce volume exprimé en litres par minute est appelé débit cardiaque) et des résistances périphériques représentées par la paroi vasculaire. La pression artérielle systolique (chiffre le plus élevé) correspond à la pression atteinte du fait de la contraction du ventricule gauche. La pression artérielle diastolique (chiffre le plus bas) est la pression qui reste dans le système vasculaire avant la contraction cardiaque suivante.

La pression artérielle s’exprime encore en millimètres de mercure (mmHg) bien que les appareils à mercure soient retirés en raison de la toxicité du mercure. Il est probable que la pression artérielle s’exprime dans le futur en kiloPascal, 1 mmHg = 0,133 kPa.

Comment mesure-t-on la pression artérielle ?

La mesure doit se faire au calme après un moment de repos, surtout si l’examinateur n’est pas connu du patient et si la situation est stressante comme celle d’une première consultation hospitalière (hypertension de la blouse blanche). Le patient est assis ou couché depuis 10 minutes.
Le médecin ne se contentera pas d’une seule prise de la tension pour affirmer une HTA. La mesure devra être répétée dans les semaines qui suivent en cas de chiffres élevés à la première consultation.
Il existe d’autres moyens de mesurer la pression artérielle : soit la mesure continue sur 24 heures à l’aide d’un appareil portable et enregistreur (Mesure Ambulatoire de la Pression Artérielle) ; soit l’automesure par le patient lui-même avec des appareils homologués (norme CE).

Des études sont en cours pour définir les chiffres limites de pression artérielle avec ce mode de mesure ; il est proposé 135/85 mmHg. Dans tous les cas, la largeur du brassard doit être adaptée à la circonférence du bras, 12 cm chez un adulte dont la circonférence du bras est comprise entre 26 et 33 cm. Un brassard trop petit surestime la pression artérielle.
Il est aussi important que l’artère explorée pour la prise de la pression artérielle (artère humérale le plus souvent, mais aussi artère radiale avec prise de la pression artérielle au poignet) soit à la hauteur du cœur pendant la mesure.

Comment fait-on le diagnostic d’hypertension artérielle ?

Le diagnostic se fait en comparant les chiffres de pression artérielle trouvés chez un patient aux chiffres considérés comme ne devant pas être dépassés, chiffres publiés par différents organismes ou sociétés scientifiques. En France, l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé (ANAES) a édité des recommandations et des références médicales pour le diagnostic et le traitement de l’HTA essentielle.
Les valeurs de pression artérielle à ne pas dépasser dépendent également de l’état du patient ; le diabète, l’insuffisance rénale, la présence de protéines dans l’urine font exiger des chiffres plus bas.
Chiffres de pression artérielle
(mesure isolée par un médecin et répétée)
au delà desquels un sujet est considéré comme hypertendu.
– 140 mmHg pour la pression artérielle systolique,et/ou
– 90 mmHg pour la pression artérielle diastolique.

L’objectif tensionnel chez un sujet diabétique ou insuffisant rénal sera 130/85 mmHg et 125/75 mmHg en cas d’insuffisance rénale et de protéinurie importante.Certaines HTA, en particulier chez le sujet âgé, portent surtout sur le chiffre de la pression artérielle systolique.

Quelles sont les causes de l’hypertension artérielle ?

1. Il existe des HTA secondaires dues à des maladies précises, elles sont rares.
Il peut s’agir de maladies des glandes surrénales avec excès de la sécrétion de certaines hormones (cortisol, aldostérone, adrénaline ou noradrénaline), de maladies rénales acquises, en particulier glomérulaires, héréditaires comme la polykystose rénale ou vasculaires avec les rétrécissements mal-formatifs de l’artère rénale. Récemment ont été individualisés, grâce à la biologie moléculaire, des gènes dont l’anomalie de structure est responsable d’une HTA par le biais de modifications du métabolisme du sodium au niveau du rein. Il existe aussi des HTA d’origine toxique ; une cause d’HTA toxique est l’intoxication par la réglisse qui freine la transformation du cortisol en cortisone, le cortisol activant la réabsorption rénale du sodium.Une autre cause d’HTA toxique est la prise répétée de décongestionnants nasaux qui sont des vasoconstricteurs. La prise de contraceptifs à base d’œstrogènes peut révéler ou aggraver une HTA. Il faut aussi citer les HTA survenant ou s’aggravant lors de la prise de cyclosporine (immunosuppresseur) ou d’érythropoïétine.
Ces HTA secondaires doivent être recherchées par l’interrogatoire et suspectées en cas d’anomalies biologiques évocatrices sur le bilan fait lors de la première prise en charge ou bien en cas de chiffres élevés de pression artérielle (plus de 180/110) et si l’HTA résiste à une trithérapie (association de trois médicaments antihypertenseurs, dont un diurétique).

2. La très grande majorité des HTA sont dites essentielles, c’est-à-dire sans cause précise ; dans ces cas là une prédisposition familiale peut exister.

Que faire lors de la découverte d’une hypertension artérielle ?

La découverte d’une HTA implique la réalisation obligatoire d’un nombre minimum d’examens avant la mise en route du traitement.

Examens qui doivent toujours être pratiqués :
1.Un bilan sanguin avec le dosage du potassium, de la créatinine, du glucose et des lipides(cholestérol total, HDL-cholestérol et triglycérides),
2.Le dépistage par bandelette de protéines et de sang dans les urines, un électrocardiogramme.

Quelles sont les complications de l’hypertension artérielle ?

Ce sont des complications :
cardiaques (hypertrophie du ventricule gauche, insuffisance cardiaque, insuffisance coronarienne) ;
cérébrales (accidents vasculaires cérébraux, encéphalopathie) ;
oculaires (rétinopathie hypertensive) ;
rénales (protéinurie, insuffisance rénale chronique) ;
vasculaires (anévrysme de l’aorte, artérite des membres inférieurs).

La fréquence des complications dépend du niveau de pression artérielle et des maladies ou habitudes toxiques associées. S’il existe un diabète, une anomalie des lipides (cholestérol,triglycérides), une consommation de tabac, les conséquences néfastes de l’HTA sont plus fréquentes. Le sujet hypertendu âgé et celui ayant des antécédents familiaux ou personnels de maladies cardiovasculaires sont aussi plus vulnérables ; le sexe masculin est associé à une augmentation du risque cardiovasculaire.

Quand et comment traiter l’hypertension artérielle ?

C’est bien sûr le traitement de la cause si une maladie précise a été mise en évidence, par exemple, l’ablation d’une tumeur sécrétant de l’aldostérone, mais ceci est exceptionnel. L’hygiène de vie est le premier traitement à mettre en œuvre et parfois le seul pendant trois à six mois.

Quelles sont les règles à suivre ?

l’arrêt du tabac ;
la limitation des boissons alcoolisées ;
la réduction de la consommation de chlorure de sodium à moins de cinq grammes par jour ;
la pratique régulière d’une activité physique ;
le contrôle des lipides sanguins par la diététique (et si besoin un traitement).

Ces mesures seront les seules prescrites en cas d’HTA limite : pression artérielle entre 140/90 et 160/90 mmHg.
En cas de pression artérielle très élevée (supérieure à 180 mmHg pour la pression systolique et/ou 110 mmHg pour la pression diastolique), le traitement médicamenteux doit être mis en route dès confirmation des chiffres.
Pour des chiffres tensionnels confirmés entre 160 et 179 pour la pression systolique et/ou 90 et 109 pour la pression diastolique, le traitement sera débuté pour les patients de plus de 60ans. Pour les patients de moins de 60 ans l’existence d’un antécédent cardiovasculaire et/ou d’un facteur de risque cardiovasculaire (tabac…) ou bien une pression diastolique supérieure à 100 mmHg incitent à débuter le traitement médicamenteux.
L’objectif à atteindre avec le traitement est une pression artérielle inférieure à 140/90 mmHg chez le sujet de moins de 60 ans ou une pression systolique inférieure à 160 mmHg chez le sujet de plus de 60 ans qui a une HTA systolique.

Il existe plusieurs classes de médicaments utilisés dans le traitement de l’HTA essentielle. Ce sont :
les diurétiques (élimination de sodium) ;
les bêta-bloquants (diminution du tonus vasculaire) ;
les inhibiteurs de l’enzyme de conversion ;
les antagonistes de l’angiotensine II (ces deux classes thérapeutiques freinent le système rénine-angiotensine dont l’activation a une action de contraction vasculaire et de rétention du sodium) ;
les inhibiteurs des canaux calciques (relaxation de la paroi artériolaire) ;
les antihypertenseurs d’action centrale ;
les vasodilatateurs.

Le traitement initial est une monothérapie (un seul médicament) ou une bithérapie à faibles doses fixes (association de deux classes médicamenteuses).

Une HTA est résistante au traitement quand elle n’est pas maîtrisée par l’association de trois classes thérapeutiques, dont un diurétique. Dans ce cas, il peut s’agir d’une mauvaise observance, d’un apport en sodium trop important, de la prescription simultanée d’un médicament empêchant le plein effet des substances anti-hypertensives (un anti-inflammatoire non stéroïdien, par exemple) ou de l’administration d’un médicament connu pour ses effets hypertenseurs (cortisone, cyclosporine…). L’obésité diminue l’efficacité de la thérapeutique anti-hypertensive. L’alcool peut avoir le même effet.
Les médicaments anti-hypertenseurs ont des effets secondaires ; ceux-ci sont variables d’un patient à l’autre. L’hypotension orthostatique due à une non-réactivité du système vasculaire est responsable de vertiges lors du passage à la position debout ; un gonflement (œdème) des chevilles est parfois noté ; une impuissance peut faire changer le traitement ; une somnolence existe avec certaines molécules. Ces effets secondaires peuvent inciter le patient à abandonner son traitement si aucune solution (c’est-à-dire un changement de classe thérapeutique) n’est trouvée par le médecin. D’autres effets secondaires sont biologiques (anomalies des lipides,insuffisance rénale…) et constatés sur des bilans de surveillance prescrits après le début du traitement. Par exemple, le médecin prend la précaution de mesurer la fonction rénale après la prescription de certains médicaments antihypertenseurs (ceux qui freinent le système de la rénine) ; en effet , ces médicaments peuvent créer ou aggraver un état d’insuffisance rénale si le rein est mal vascularisé en raison de lésions d’athérome (dépôts de graisse) de l’artère rénale.

Comment s’effectue la surveillance d’un patient hypertendu ?

La surveillance se doit d’être régulière. La pression artérielle doit être vérifiée tous les trois à six mois, l’état cardiovasculaire et l’état rénal doivent être évalués toutes les une à deux années, une attention particulière étant apportée à l’existence d’une hypertrophie du ventricule gauche qui est associée à un mauvais pronostic à long terme. Le taux de sucre dans le sang et le taux du cholestérol et des triglycérides seront systématiquement vérifiés tous les trois ans et plus souvent en cas d’anomalies.

Conclusions

L’hypertension artérielle essentielle est une maladie chronique, très fréquente et dont la cause précise est encore le plus souvent inconnue. Des facteurs génétiques (plusieurs gènes) et des facteurs environnementaux (tabac, consommation de sel, médicaments…) agissent conjointement pour que l’HTA apparaisse.
De nombreux médicaments permettent le plus souvent la maîtrise de l’HTA, parfois au prix d’effets secondaires qui feront modifier la thérapeutique. Le traitement de l’HTA diminue la fréquence des complications de cette maladie (cardiaques, cérébrales, rénales…). Il doit être poursuivi sans interruption.
Une excellente relation patient – médecin est indispensable à l’observance thérapeutique.